Weegee " The gold painted stripper". New York.1950
De Weegee, le photographe des marginaux, des laissés pour compte du rêve américain, de l'auteur du fameux livre "The Naked City" qui allait le faire reconnaitre enfin comme autre chose qu'un photographe de fait divers, on retiendra cette image, traversée par un incommensurable amour de l'humanité, et non par le voyeurisme dont les bien pensants s'étaient toujours accomodé à son égard.
Que nous montre donc cette image ? Nous sommes backstage, dans l'envers du décor, contemplant ce moment d'intimité, celui de cette femme qui boit simplement un verre d'eau, moment d'intimité dévoilé (volé à la volée) alors que tous les soirs cette jeune femme dévoile la sienne... Dans cet étonnant jeu de miroirs on constatera que l'acmé de la violence se trouve dans le bras levé du client du club qui désire garder son anonymat. La beauté est un attentat... Non point ici un attentat à la pudeur, car on sent que cette femme est au delà de ça, on sent qu'elle se fout éperdument du regard que l'on peut porter sur elle, et du qu'en dira t-on de l'Amérique WASP des années 50...
A cet égard on pressent dans son physique la déferlante de la décennie suivante, celle des années soixante, des révolutions sexuelles à venir. Toute recouverte d'or elle dégage une beauté animale, désarmante de naturel. Plus proche de nous, cette image peut nous rappeler en ricochet l'image culte de Sean Connery dans Goldfinger, découvrant dans une chambre le corps inanimé d'une jeune femme recouverte de poudre d'or... Corps sublimé, corps déifié, femme changée en statue dans la possession absolue de l'être aimé dans la mort.
"Avant de disparaître totalement du monde, la beauté existera encore quelques instants, mais par erreur. La beauté par erreur, c’est le dernier stade de l’histoire de la beauté..." Milan Kundera.
Un panorama des photos de Weegee:
http://museum.icp.org/museum/collections/special/weegee/
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