mercredi 16 mars 2011

Gary Winogrand

Albuquerque, New Mexico, 1957.
Gary Wynogrand
Garry Winogrand est une des figures majeures du courant dit de la « street photography » apparu dans les années soixante et qui s’appuie sur la notion de paysage social. Il s’agit de documenter un paysage désormais morcelé, fragmentaire, en privilégiant l’instantané. Une liberté totale quant à l’interprétation des images est laissée au spectateur. Au-delà du vent de liberté des années 60, ce renouveau du documentaire photographique sera le reflet de la perte de l’innocence de l’Amérique ... Avec le 22 novembre 1963 à Dallas, et l’engagement au Vietnam plus rien ne sera jamais comme avant.
Influencé par les travaux de Walker Evans, Weegee ou Cartier-Bresson, ainsi que par le livre de Robert Frank : « Les Américains », manifeste absolu de la modernité en photographie ; Gary Winogrand armé de son Leica M4 va parcourir les rues de New York en se donnant pour seul fil conducteur, d’enregistrer la pulsation de la vie.
Loin de tout intellectualisme, il refusera toujours de commenter ses images, préférant l’action en impressionnant des centaines de rouleaux 24 x 36 qu’il accumulait souvent pour les développer parfois un an plus tard... Winogrand disait: « je photographie pour voir à quoi ressemblent les choses quand elles sont photographiées »… L’énigme, la théâtralité spontanée des scènes de rue, et l’aléatoire sont au cœur de son travail.
Ce qui frappe d’emblée dans cette image, c’est bien sûr le décadrage violent, et le contraste entre la taille de l’enfant et l’immensité de l’espace que l’on devine tout autour de lui. C’est une maison du "baby boom", posée au milieu d’un grand nulle part ; on se demande si l’on se trouve à la fin d’un lotissement qui grignote lentement le désert, ou bien si c’est là l’œuvre d’irréductibles originaux, qui ont décidé d’habiter cette maison coûte que coûte. Il y a bien évidemment dans cette image le thème des grands espaces américains, on y entreverrait presque les grands espaces fordiens de Monument Valley.
La tentation est grande d’évoquer la « Prisonnière du désert » et l’image finale, mythique, de la jeune femme sur le seuil de la maison qui regarde John Wayne s’éloigner dans le désert. Ici ce serait la même image mais à l’envers, si j’ose dire…
Il y a cet enfant au seuil de la vie, qui regarde hors champs quelque chose que nous ignorerons à jamais ; il y a cette rampe d’accès du garage qui forme avec l’angle du toit comme une montée de temple consacré au dieu de l’American way of life ; il y a ce trou noir sur lequel se détache l’enfant et où l’on devine à côté de lui une autre présence ; il y a ce tricycle tombé, abandonné au sol comme pour confirmer le singulier, l’accidentel de cette photographie ; il y a ce nuage menaçant malgré la grande lumière qui inonde la scène, il y a enfin cet arbuste planté là, dérisoire, comme une vaine tentative de conquérir le désert…
A sa mort prématurée en 1984 à l’âge de 56 ans, Gary Winogrand laissera 2500 films non développés (la plupart des Tri-x Pan, le film Noir et Blanc mythique de Kodak) et 6500 autres films développés mais non contactés, ce qui parait incroyable et laisse rêveur quant à l’immense potentiel non exploité de son œuvre…










Un peu de fétichisme : le Leica de Gary Winogrand...


En lien le récit d’un stage avec l'auteur (en anglais)

NB: Il n'y a malheureusement pas de site où l'on pourrait voir les images de Gary Winogrand.
Il suffit de taper son nom dans Google images ...

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